L’énigme de la confiance et de l’intégrité politique.

Vous connaissez ce dicton ? “On ne peut pas avoir confiance en quelqu’un qu’on ne peut pas acheter”, reflète une perspective intéressante sur les relations politiques et les motivations sous-jacentes. Cette petite analyse psycho-politique en explore les implications psychologiques et politiques.

Dans l’arène de la politique, où se jouent des drames épiques et des tragédies silencieuses, émerge une énigme qui hante les esprits : “on ne peut pas avoir confiance en quelqu’un qu’on ne peut pas acheter.” C’est là une affirmation à la fois étonnante et troublante, une vérité qui révèle la toile complexe des relations politiques et humaines. Dans cette quête perpétuelle de pouvoir, d’influence et de légitimité, la question de la confiance et de l’intégrité s’inscrit en lettres majuscules.

La politique, cet étrange ballet où les acteurs se donnent en spectacle pour un public exigeant et parfois indifférent, est le terrain de jeu où se confrontent les intérêts personnels et les aspirations collectives. On pourrait se demander pourquoi cette assertion, aussi incisive qu’un couteau dans la nuit, a trouvé sa place dans le récit tumultueux de la politique.

Chacun sait que la confiance est une denrée rare, aussi précieuse que l’eau dans un désert. Dans le monde politique, où les promesses peuvent être fugaces et les alliances éphémères, la confiance est une monnaie de premier ordre. Mais qu’en est-il de l’intégrité ?

L’intégrité, ce joyau moral qui brille dans les yeux de ceux qui la possèdent, est mise à l’épreuve dans l’arène politique. Le dilemme du pouvoir, de la réussite et des intérêts personnels peut tenter de ternir cette étincelle. Et pourtant, derrière chaque décision, chaque discours prononcé, l’intégrité peut être le fil conducteur qui distingue ceux qui agissent en âme et conscience.

Mais quelle relation y a-t-il entre la confiance et l’achat ?

L’achat, cette transaction qui, de prime abord, semble être le domaine des marchands et des échanges commerciaux. Et pourtant, c’est précisément ici que la lumière se fait : lorsque l’achat s’infiltre dans le domaine de la confiance, les fondations vacillent.

Albert Camus aurait sans doute contemplé cette énigme avec son regard mélancolique, tissant les fils de l’absurdité humaine avec les fils fragiles de la politique. L’homme de l’absurde aurait souligné que dans ce monde complexe, la confiance peut être mise à mal par l’ombre tentatrice de l’achat, et que l’intégrité peut parfois être l’antidote à la tentation.

La politique reste un théâtre où les protagonistes oscillent entre leurs intérêts personnels et leurs devoirs envers la société. Et tandis que l’on tente de déchiffrer l’énigme de la confiance et de l’intégrité, une chose demeure certaine : l’éclairage de la vérité, aussi fugace soit-il, peut éclairer le chemin de ceux qui aspirent à une politique empreinte d’intégrité, de responsabilité et de confiance sincère.

Albert Camus aurait sans doute conclu, avec un mélange de résignation et d’espoir, que dans la tourmente de la politique, la véritable victoire réside dans la préservation de la confiance authentique et de l’intégrité inébranlable.

Pour approfondir avec une vision “judéo-chrétienne” néanmoins intéressante : Émilie Tardivel,L´éthique politique est une question non seulement d´intégrité juridique, mais aussi d´exemplarité morale. On abordera ici la question sous trois aspects : sa signification philosophique, ses conditions générales de possibilité, ainsi que le rapport entre vertu publique et moralité privée.” Académie Catholique de France du 13/03/2017.

Pour approfondir avec une vision bouddhiste : Peut-on conjuguer une vie politique à un idéal altruiste et bienveillant ? Comment résister à la montée surdimensionnée de l’égo quand on exerce un mandat électoral ? À première vue, cela semble difficile, et pourtant, nous allons découvrir que c’est possible, grâce à l’expérience l’invité, de Sagesse Bouddhistes, Carlo Luyckx.

Lire et Relire Jacques Ellul : Illusions Politiques et réalités désenchantées.

L’œuvre de Jacques Ellul nous plonge dans une introspection incisive de la société occidentale et de ses jeux verbaux politiques. À travers cette lecture, préfacée par Daniel Compagnon, nous sommes invités à examiner le voile qui cache les illusions nourries par le discours politique, tandis que ce même discours les fait croître. Cet ouvrage nous plonge dans une réflexion critique qui dévoile les fausses perceptions et les désenchantements qui en découlent.

Portrait datant du 18 décembre 1987, de Jacques Ellul, Philosophe, Sociologue et Théologien (1912-1994). Jacques Ellul enseigna à la faculté de Bordeaux – ville dont il est originaire – et à l’Institut d’Etudes Politiques. Il fut interdit d’enseignement par le régime de Vichy et participa activement quoique sans armes à la Résistance. (Photo by STF / AFP)

Dans les 368 pages de cet ouvrage, Jacques Ellul expose avec rigueur l’illusion qui entoure l’homme politique moderne. L’illusion de sa maîtrise sur l’appareil étatique, la croyance en des décisions politiques toujours efficaces alors que la rigueur de l’État s’intensifie. Avec une clairvoyance déconcertante, Ellul démontre comment l’homme politique, même au sommet du pouvoir, se trouve en réalité de plus en plus impuissant face aux rouages étatiques complexes. Cette réalité est dissimulée par la puissance apparente des moyens d’action de l’État, mais Ellul nous rappelle que l’homme politique est prisonnier de cette dynamique, une impuissance déguisée par l’efficacité des appareils étatiques.

Le récit prend également en compte l’illusion du citoyen, qui se croit maître de son destin politique. Les fondements de la souveraineté populaire et des idéaux démocratiques continuent de colorer sa perspective, lui faisant croire qu’il peut contrôler la politique, orienter les actions et influencer les décisions. Cependant, Ellul démasque cette illusion et nous montre que les citoyens ont au mieux un contrôle restreint sur les politiciens, sans réel pouvoir, créant ainsi un dialogue d’impuissants.

L’œuvre de Jacques Ellul, préfacée par Daniel Compagnon, confronte le lecteur à la complexité des interactions entre le discours politique et la réalité. La réflexion de l’auteur évoque des illusions fragiles et des perceptions distordues, remettant en question la relation entre les politiciens et les citoyens. Cette lecture profonde nous invite à remettre en question nos croyances et nos attentes envers le pouvoir politique, offrant un aperçu perspicace des réalités désenchantées qui sous-tendent le discours politique contemporain.

Jacques Ellul, “L’illusion politique”, 1965, nouvelle édition 2018. https://www.babelio.com/livres/Ellul-Lillusion-politique/111624