C’est une histoire d’amour qui tourne au drame, une « nouvelle histoire » qui semble, elle aussi, tout droit sortie d’un roman d’espionnage …
Un lieutenant-colonel de l’armée française, catholique fervent, russophone et russophile, rencontre un agent du GRU russe sur les rives du lac Majeur, en Italie. Les services italiens sont là, qui immortalisent la rencontre en photos. Le contre-espionnage français surveille déjà de près l’officier depuis plusieurs mois, dans le cadre d’une opération menée en Autriche au début des années 2010.
Lionel L. est arrêté un an plus tard, en août 2020, et entendu par la DGSI. Des documents classifiés ont-ils été transmis à l’agent russe ? L’officier jure le contraire. Mais les enquêteurs retrouvent tout de même un téléphone et trois clés USB fournis par le GRU dans la salle de bain napolitaine du militaire. Ils découvrent aussi des documents confidentiels relatifs au système ferroviaire hexagonal dans sa maison en banlieue parisienne. Une faute qui relèverait surtout de la négligence, selon les enquêteurs.
La fascination de certains officiers français pour la Russie poutinienne ne date pas d’hier. Dans les années 1980, Lionel L. avait décroché une licence de slavistique à la Sorbonne, avant de réussir le concours de Saint-Cyr. Il avait poursuivi sa carrière comme attaché de défense au Kazakhstan, avant d’être envoyé à l’Otan. Mais cette histoire d’amour avec la Russie tourne au drame, et l’affaire irrite au plus haut point l’État français.
La question de l’influence de Moscou au sein des armées est ultrasensible pour le ministère des Armées.
« Les sympathies pro-russes dans les armées, c’est un peu le sujet tabou… ».
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