l’invasion russe de l’Ukraine redéfinit clairement les équilibres géopolitiques transatlantiques, renforçant davantage la position dominante des États-Unis en Europe et au-delà. Cette nouvelle Guerre froide semble donc façonner une dynamique mondiale où les États-Unis consolident leur suprématie, influençant non seulement le secteur militaire, mais aussi l’économie et la culture, tout en laissant l’Europe à un tournant décisif de son histoire politique.
L’analyse psycho-politique de ce texte met en lumière la transformation des équilibres géopolitiques mondiaux suite à l’invasion russe de l’Ukraine. L’auteur compare cet événement à des moments clés de l’histoire, tels que la chute du mur de Berlin, l’effondrement de la détente après l’invasion soviétique de l’Afghanistan et la guerre de Corée. Il qualifie la situation actuelle de « Guerre froide II », soulignant l’accélération de la domination de l’Europe par les États-Unis.
L’invasion russe de l’Ukraine marque indéniablement un tournant dans l’arène des relations internationales, révélant une nouvelle ère de politiques mondiales. Comparable à des moments historiques marquants tels que la chute du mur de Berlin en 1989 ou la guerre de Corée en 1950, cet événement cristallise l’émergence de ce que certains appellent « la Guerre froide II ». Désormais, il est clair que cette crise géopolitique accélère la prédominance des États-Unis en Europe.
Depuis des décennies, l’idée d’une autonomie stratégique européenne, visant à réduire l’influence américaine sur la défense européenne, a été soutenue à la fois par les Euro-Gaullistes et les Américains cherchant à déplacer la responsabilité de la protection de l’Europe vers les Européens eux-mêmes. Pourtant, malgré ces aspirations, aucune alternative crédible à l’OTAN n’a vu le jour en Europe au cours des sept dernières décennies.
Au lendemain du sommet de l’OTAN de cette semaine, il est désormais évident que le rêve d’une indépendance militaire européenne doit être reporté, pour peut-être une décennie, une génération, voire plus. La réaction face à l’invasion russe a clairement démontré que les États-Unis sont les seuls à disposer de l’unité et de l’infrastructure militaire nécessaires pour coordonner des opérations militaires multinationales en Europe ou à proximité. Cette crise a mis en évidence plus que jamais la dépendance des alliés européens envers l’appareil militaire américain, dépassant même les conflits dans les Balkans et l’aventure libyenne.
En outre, l’expansion future de l’OTAN pour inclure des pays tels que la Finlande, la Suède et très probablement l’Ukraine, ne fera qu’accroître l’influence des États-Unis au sein de cette alliance transatlantique. En règle générale, les pays de l’OTAN les plus proches de la Russie sont également les plus favorables aux États-Unis. Cet aspect a été reconnu par Donald Rumsfeld après l’invasion de l’Irak, où il ridiculisait les sceptiques de la « vieille Europe » (France et Allemagne), tout en louant la « nouvelle Europe » formée par les pays libérés du bloc soviétique. À l’heure actuelle, la Pologne incarne parfaitement ce rôle en étant résolument en première ligne de la Guerre froide II, avec un engagement ferme à consacrer au moins 3% de son PIB à la défense. Cette posture, bien que renforçant les États-Unis, affaiblit en revanche la France et l’Allemagne, qui étaient plus enclins à favoriser des relations apaisées avec la Russie.
Une Guerre froide prolongée pourrait très bien mener à une évolution où l’Union européenne se retrouverait subordonnée à l’OTAN. L’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’UE, qui suivrait probablement son adhésion à l’OTAN, signifierait que l’UE compterait alors 28 membres, soit moins que les 32 membres de l’OTAN, incluant la Finlande et la Suède, ou même 33 membres si l’Ukraine se joint à l’alliance militaire. Ainsi, davantage de pays européens seraient membres de l’OTAN, sous l’hégémonie des États-Unis, que de l’UE, qui est actuellement dominée par le partenariat entre l’Allemagne et la France.
Ce nouvel ordre géopolitique post-Ukraine marque également la fin, du moins pour l’instant, du rêve gaulliste d’une superpuissance européenne dirigée par la France. De même, il met fin à l’ambition de l’Allemagne de jongler entre le rôle de protecteur de la défense américaine, de client énergétique russe et de partenaire commercial majeur pour la Chine. La déconnexion progressive de l’économie chinoise, activement poussée par les décideurs politiques de Washington, marquera un autre tournant majeur de cette nouvelle guerre froide, transformant ainsi ce conflit mondial en un affrontement contre un bloc sino-russe de facto.
Il est également essentiel de noter que les pays européens, voire l’UE dans son ensemble, ne se montreront probablement pas aussi stricts que leur partenaire stratégique américain en matière d’échanges commerciaux et de transferts technologiques. Cependant, en cas de besoin, la plupart des pays européens sont susceptibles de pencher en faveur des États-Unis, qu’ils connaissent bien, plutôt que de s’associer avec le régime communiste autoritaire et secret de la Chine.
Source d’analyse :
https://unherd.com/2023/07/at-nato-america-recaptured-europe/