Les opérations d’influence américaines et les enjeux de protection de la vie privée.

Dans une nouvelle révélation, les agences de renseignement américaines sont accusées d’acheter des données personnelles provenant de courtiers commerciaux, alimentant ainsi les inquiétudes quant à la surveillance généralisée et à la protection de la vie privée. Selon un rapport récemment déclassifié du Bureau du Directeur du Renseignement National (ODNI), le gouvernement américain se procure des quantités considérables d’informations « disponibles commercialement » (CAI) sur le marché ouvert. Cette pratique soulève des préoccupations quant à l’ampleur de la collecte de données, qui ressemble étrangement à ce que seule une surveillance gouvernementale dédiée aurait pu produire par le passé.

Le rapport, réclamé par le sénateur de l’Oregon Ron Wyden, dévoile une réalité troublante. Il révèle que les agences gouvernementales américaines ont recours à des courtiers de données commerciales pour obtenir des informations personnelles sensibles, y compris des données de localisation. Il souligne également l’absence de clarté quant à l’utilisation réelle de ces données par les différentes agences.

Le rapport de l’ODNI dresse le portrait d’un gouvernement qui aspire les données de manière indiscriminée. Dans une série de recommandations, il exhorte la communauté du renseignement américain à cataloguer l’utilisation des données, soulignant que cette tâche complexe nécessitera un examen minutieux des contrats d’approvisionnement. Selon le rapport, « la communauté du renseignement ne peut pas comprendre et améliorer la manière dont elle traite les CAI tant qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait avec ces données. »

Cette révélation intervient alors que les préoccupations concernant la collecte de données personnelles et l’ingérence gouvernementale ont atteint un niveau sans précédent. Ron Wyden, qui avait déjà averti que les États-Unis pourraient devenir un « État de surveillance irréversible » si la collecte de données numériques personnelles continuait de croître, est à l’origine de cette demande d’enquête. Le rapport, préparé en janvier 2022, vient seulement d’être déclassifié.

Il est inquiétant de constater que malgré les assurances des entreprises quant à l’anonymisation des données collectées, l’ODNI reconnaît qu’il est souvent possible de déanonymiser les individus en recoupant ces données. Cette problématique soulève des questions majeures en matière de vie privée et de libertés civiles, ce qui justifie la nécessité d’une manipulation responsable de ces données.

D’où proviennent ces données ? Essentiellement de partout. Les smartphones, les voitures connectées, les technologies de suivi sur le web, l’Internet des objets et d’autres innovations ont permis une collecte massive d’informations sans la participation directe du gouvernement. Cependant, l’accès non réglementé à ces informations commercialement disponibles accroît le pouvoir du gouvernement d’une manière qui pourrait dépasser nos traditions constitutionnelles et les attentes de la société.

Malgré ces problématiques, l’ODNI, ou Bureau du Directeur du Renseignement National, est un organisme clé du gouvernement américain chargé de coordonner et de superviser les agences de renseignement, telles que le FBI, la CIA, la NSA, et d’autres, afin de garantir la sécurité nationale et la protection des intérêts des États-Unis. Sous la direction d’Avril Haines, haut responsable du cabinet américain, l’ODNI joue un rôle essentiel dans la collecte, l’analyse et la diffusion de renseignements pour guider les décisions politiques et sécuritaires.

Dans le contexte de la récente révélation concernant l’achat de données personnelles par le gouvernement américain, l’ODNI occupe une position centrale dans l’évaluation de ces pratiques et dans la proposition de recommandations visant à garantir une utilisation responsable des informations collectées. Son rôle consiste à évaluer les impacts potentiels sur la vie privée et les libertés civiles, ainsi qu’à mettre en place des mesures de transparence et de contrôle pour éviter tout abus.

L’ODNI, en tant que gardien des principes fondamentaux de la démocratie américaine, reconnaît les préoccupations soulevées par ces opérations d’acquisition de données et s’engage à assurer la responsabilité et l’intégrité des pratiques de renseignement. Il se trouve désormais au cœur des discussions concernant les enjeux de protection de la vie privée et de limitation de la surveillance gouvernementale, dans le but de trouver un équilibre entre les impératifs de sécurité nationale et le respect des droits individuels.

Source d’analyse :

https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/data/le-gouvernement-americain-collecte-des-donnees-personnelles-de-ses-citoyens_171977