Les enjeux psycho-politiques de l’affaire Vivendi-Lagardère : L’avenir du paysage médiatique en question.

Consolidation, influence et diversité : un débat crucial pour la presse française…

Dans les coulisses du pouvoir médiatique, une affaire retient l’attention : Vivendi-Lagardère. Au-delà des noms prestigieux qui s’entremêlent, cette bataille économique soulève des questions fondamentales sur l’avenir du paysage médiatique français. Les enjeux psycho-politiques qui se dessinent révèlent les défis auxquels sont confrontés les acteurs de l’industrie des médias et les implications pour le public avide d’une information libre et pluraliste.

Le concept central de cette affaire est celui du « gun jumping », un terme qui a fait son apparition lors des récentes péripéties au Journal du Dimanche. Pour les non-initiés, il s’agit d’une notion qui évoque un « faux départ », lorsque l’entreprise A souhaite acquérir l’entreprise B et commence à agir avant d’obtenir l’autorisation officielle. Dans le cas présent, la Commission européenne s’intéresse de près à l’implication précoce de Vivendi dans les décisions de Lagardère, suscitant ainsi des soupçons quant à une possible violation des règles établies.

La quête de preuves dans cette affaire s’avère complexe. Les services de la Commission européenne ont révélé avoir accédé à distance aux boîtes mails des dirigeants des deux groupes, tels que Editis, Hachette, Europe 1, Paris Match ou encore le Journal du Dimanche. Cependant, il est peu probable que des éléments compromettants ou des preuves directes aient été découverts. Les stratégies et les manœuvres restent souvent insaisissables, dissimulées dans les arcanes du pouvoir.

Pourtant, un exemple se détache avec une importance particulière : le cas du Journal du Dimanche. Arnaud Lagardère, président du groupe éponyme, s’est exprimé avec véhémence dans les colonnes du Figaro, affirmant agir de sa propre initiative, sans aucune ingérence de Vincent Bolloré, figure emblématique de Vivendi. Cette déclaration, bien qu’elle puisse être remise en question, est cruciale dans la mesure où elle interroge l’attitude de Vivendi vis-à-vis des règles établies par la Commission européenne. A-t-il déjà pris les commandes de Lagardère ? La réponse à cette question essentielle ne se limite pas à la simple autonomie d’Arnaud Lagardère, mais soulève des interrogations plus profondes sur la conformité des actes de Vincent Bolloré et la potentielle transgression des règles établies.

Les conséquences d’une telle infraction ne seraient pas négligeables pour Vivendi. La redoutable Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, est chargée de ce dossier. Sa réputation de sévérité envers les entreprises contrevenant aux règles est bien établie, à l’image de l’amende record de quatre milliards d’euros infligée à Google pour abus de position dominante. Bien que l’amende potentielle pour Vivendi ne s’élèverait pas à une somme aussi astronomique, les règles de la Commission européenne prévoient des sanctions pouvant atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires du groupe concerné. Dans le cas de Vivendi, cela représenterait près d’un milliard d’euros.

Il est toutefois peu probable que Bruxelles pousse les sanctions aussi loin. Néanmoins, si Vivendi était reconnu coupable, les conséquences financières seraient lourdes pour le groupe dirigé par Vincent Bolloré. Cependant, même en cas de sanction importante, cela ne modifierait pas le cours de l’histoire. La Commission européenne ne reviendra pas sur l’opération en cours et le groupe Lagardère tombera bel et bien dans l’escarcelle de Vivendi.

Mais quels changements se profileront alors ? La réponse est troublante : aucun. Arnaud Lagardère prend déjà des décisions qui reflètent celles que Vincent Bolloré prendrait s’il était propriétaire du groupe. Tel un bon soldat, il exécute les volontés de son futur acquéreur. Le cas emblématique du Journal du Dimanche, qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. La présence de CNews dans les mêmes locaux qu’Europe 1, la co-diffusion entre les deux médias, la nomination de Laurence Ferrari, visage de CNews, au poste de chef du service politique de Paris Match, ou encore l’arrivée de Pascal Praud, star de CNews, sur Europe 1… La liste est longue et non exhaustive.

Ces différents éléments forment un faisceau d’indices troublants. Ils soulèvent des inquiétudes quant à la rapidité des manœuvres de Vincent Bolloré, qui semble avoir anticipé les étapes et bafoué les règles établies par la Commission européenne. L’industrie des médias français est-elle en train de se consolider autour d’un groupe dominant au détriment de la diversité et de l’indépendance éditoriale ?

Cette affaire pose ainsi des questions cruciales sur l’équilibre du paysage médiatique français. La consolidation des médias sous l’égide de Vivendi remet en cause la pluralité des voix et l’accès à une information libre et indépendante. Si les règles sont transgressées et que les décisions stratégiques sont prises sans attendre les autorisations officielles, cela risque de porter préjudice à la diversité éditoriale et de compromettre le rôle essentiel des médias dans la société démocratique.

N’est-il pas urgent que les autorités compétentes se consacrent pleinement à l’examen minutieux de cette affaire et prennent des mesures décisives afin de garantir l’intégrité du paysage médiatique français ?

Ne devons-nous pas nous interroger sur l’importance vitale de préserver l’indépendance éditoriale, la diversité des opinions et la liberté de la presse pour préserver une démocratie éclairée et équilibrée ?

Source d’Analyse :

https://www.ouest-france.fr/medias/derriere-la-conquete-des-medias-par-bollore-un-projet-politique-283e7070-1a95-11ee-bcb0-ebf42137c2d4