L’émergence d’un nouveau paysage politique : La lutte des peurs refaçonne les engagements.

Au sein de la sphère politique contemporaine, un vent de changement souffle, porté par la montée en puissance de divers mouvements tels que les Gilets Jaunes, les contestataires des réformes des retraites, les votes identitaires, et les collapsologues. Une constante les relie : l’expression d’une peur profonde, qui vient réinventer la nature même des engagements politiques.

Autrefois, la société était émaillée de rapports sociaux principalement structurés par des clivages de classe, où les catégories socio-économiques jouaient un rôle prépondérant dans la compréhension de la dynamique sociale. La conscience de classe unissait les individus et les rassemblait autour d’aspirations communes, cristallisant ainsi un élan de solidarité. Néanmoins, cette approche classique semble aujourd’hui être questionnée dans le contexte des années 2020.

Un nouvel ordre émerge progressivement, redessinant le paysage politique et transcendant les anciennes frontières de l’appartenance sociale. Ce nouveau visage politique est façonné par l’émergence de peurs profondément ancrées dans le tissu social contemporain. Chaque mouvement exprime sa propre inquiétude, sculptant ainsi son identité politique distincte.

Les Gilets Jaunes, par exemple, arborent la crainte de la précarité économique et de l’exclusion sociale, tandis que les opposants aux réformes des retraites manifestent leur inquiétude face à un futur incertain et des changements potentiellement injustes. De leur côté, les votes identitaires traduisent la peur de perdre son identité culturelle et de voir la société évoluer d’une manière déconcertante. Enfin, les collapsologues incarneraient la montée en flèche de la peur de l’effondrement écologique et de ses conséquences dramatiques pour la planète.

Cette multiplication des mouvements, ancrée dans des peurs spécifiques, complique l’équation politique et fragmente la société en différentes entités qui cherchent à protéger leurs intérêts et leurs valeurs. Une telle évolution donne naissance à une diversité de revendications et de modes d’engagement, bousculant ainsi les lignes traditionnelles de la politique.

Face à cette mutation, les acteurs politiques et les observateurs doivent désormais jongler avec ces nouvelles dynamiques et revoir les outils d’analyse pour appréhender la complexité de cette lutte des peurs. Si la notion de conscience de classe demeure pertinente dans certains contextes, il est impératif de prendre en compte les peurs spécifiques qui guident les actions et les revendications des différents groupes politiques.

Dans ce nouveau paysage politique, une compréhension profonde de ces peurs et de leurs origines devient essentielle pour établir un dialogue constructif et répondre aux préoccupations légitimes des citoyens. Les politiques doivent ainsi s’adapter à cette nouvelle réalité et œuvrer à bâtir des solutions qui apaisent les angoisses de chacun, tout en favorisant le vivre-ensemble dans une société de plus en plus complexe et diversifiée.

Source d’analyse :

Gilets jaunes, anti-réforme des retraites, vote identitaire, collapsologues… Tous expriment une peur et modifient la nature des engagements politiques. Par Saïd Mahrane.


Extension du domaine de la finitude. Ecologistes et Gilets jaunes, une << alliance objective >> lors de la Marche pour le climat, le 8 decembre 2018 a Lyon.

https://www.lepoint.fr/editos-du-point/c-est-la-lutte-finale-des-peurs-18-07-2023-2528636_32.php