Un rapport parlementaire sur les Uber Files met en évidence des relations étroites entre Emmanuel Macron et Uber, soulignant une situation qui fait débat sur l’influence des intérêts privés sur les décisions publiques en France. Les révélations de ce rapport pourraient avoir un impact sur le débat politique et la question de la régulation des plateformes numériques dans le pays.
Le rapport parlementaire sur les Uber Files, rendu public ce 18 Juillet, confirme les révélations de la cellule investigation de Radio France en juillet 2022, mettant en évidence une proximité étroite entre le géant des VTC, Uber, et l’actuel président français, Emmanuel Macron. Malgré les divergences politiques au sein de la commission d’enquête, les conclusions de ce rapport sont sans équivoque, révélant une relation opaque, mais privilégiée, entre l’entreprise et l’Élysée, qui se serait même poursuivie après l’élection de Macron à la présidence de la République.
Dirigée par le député Benjamin Haddad, un proche du président, et rapportée par Danielle Simonnet, membre de l’opposition, cette commission d’enquête a dû surmonter des obstacles politiques pour mener à bien ses investigations. Malgré cela, pas moins de 67 auditions et 120 personnes interrogées ont permis de corroborer les informations divulguées précédemment par la cellule investigation de Radio France.
Le rapport met notamment en lumière un accord tacite entre Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, et Uber. Cet accord aurait permis de favoriser le développement de l’entreprise en France en échange de certaines concessions, dont la réduction drastique des heures de formation obligatoires pour les chauffeurs Uber, ainsi que l’interdiction d’Uber Pop, un système de co-voiturage controversé.
Les éléments du rapport confirment également l’existence d’un dispositif de « Kill Switch », dénommé « Casper », permettant d’effacer rapidement les données des ordinateurs d’Uber en cas de descente de police. De plus, des échanges de SMS entre Emmanuel Macron et des représentants d’Uber pendant des perquisitions viennent étayer les liens privilégiés entre l’entreprise et le ministère de l’Économie à l’époque.
Au-delà de ces révélations, le rapport pointe du doigt les conséquences de cette proximité entre le président et Uber sur les conditions de travail des chauffeurs de VTC en France. Les promesses d’Uber en matière de création d’emplois n’auraient pas été tenues, conduisant à une précarisation accrue des travailleurs du secteur. Le soutien appuyé du président à l’entreprise aurait ainsi créé une situation défavorable aux chauffeurs, sans pour autant générer les emplois promis.
Outre les révélations concernant la période antérieure à 2017, le rapport révèle également que le soutien d’Emmanuel Macron à Uber aurait persisté après son accession à la présidence de la République. Des échanges entre l’entreprise et les services du président ainsi que du ministère des Transports auraient été recensés jusqu’en 2022.
Le rapport suscite également des interrogations sur l’influence continue d’Uber en France. Une proposition de créer un comité d’orientation pour améliorer le dialogue social entre Uber et ses chauffeurs aurait été faite par un cabinet de conseil américain. Ce comité aurait été présidé par Bruno Mettling, ancien DRH chez Orange, qui a été impliqué dans des décisions réglementaires concernant les plateformes.
L’annonce selon laquelle un comité d’orientation visant à améliorer le dialogue social entre Uber et ses chauffeurs aurait été proposé par un cabinet de conseil américain suscite de nombreuses interrogations sur l’influence continue de l’entreprise dans le paysage français.
Le fait que ce comité aurait été présidé par Bruno Mettling, ancien DRH chez Orange et ayant été impliqué dans des décisions réglementaires concernant les plateformes numériques, renforce les inquiétudes quant à la proximité entre Uber et les instances décisionnaires en France.
Cette proposition soulève des questions sur l’indépendance de la régulation des plateformes numériques et les potentiels conflits d’intérêts qui pourraient exister entre des acteurs privés et les organes de décision publics. Le rôle de Bruno Mettling, en tant que président de ce comité, soulève également des préoccupations quant à sa neutralité et son impartialité dans les discussions sur le dialogue social entre Uber et ses chauffeurs.
Cette révélation souligne l’importance de transparence et de clarté dans les interactions entre les acteurs privés et publics, notamment dans le domaine de la régulation des plateformes numériques qui ont un impact significatif sur l’économie et l’emploi.
Le rapport parlementaire met en lumière une nouvelle facette des relations entre Uber et les instances décisionnaires en France, ce qui pourrait susciter un débat plus large sur la régulation et la gouvernance des entreprises technologiques dans le pays. Il reste désormais à voir comment les responsables politiques réagiront à ces révélations et quelles mesures pourraient être prises pour renforcer la transparence et l’indépendance dans la prise de décision concernant les plateformes numériques.
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